Communiqué sur la liberté de culte

19 novembre 2020

Les manifestations se multiplient pour demander aux autorités civiles de respecter la liberté de culte. Il en est de même dans notre diocèse. Je voudrais vous dire à tous ce que je pense de cette situation :

Tout d’abord, les autorités civiles nous disent : vous pouvez célébrer des enterrements et des mariages à condition que vous respectiez les conditions que nous définissons concernant le nombre de personnes et les conditions de distanciation, mais pas de messes ou de baptêmes.

  • Ont-elles le droit de nous dire « vous pouvez célébrer des enterrements ou des mariages, mais vous n’avez pas le droit de célébrer des messes ou des baptêmes ? » Non, elles n’ont pas le droit de nous interdire de célébrer tel ou tel sacrement et de nous autoriser à célébrer tel autre sacrement ou des obsèques. Cela ne peut que relever des responsables religieux.
  • En revanche, elles ont le droit et le devoir de nous dire les conditions de l’exercice de la liberté de culte dans le contexte de pandémie qui est le nôtre. Elles peuvent nous dire « vous pouvez exercer votre religion et votre culte dans telle ou telle condition : à savoir tant de personnes pour tant de mètres carrés, en portant un masque et en respectant les distanciations demandées en fonction de la taille de l’édifice, les églises doivent être nettoyées ensuite et toute nouvelle célébration ne pourra se faire avant tant d’heures, etc. Après, qu’il s’agisse de telle ou telle forme de prière, cela ne relève pas de notre responsabilité, mais de la vôtre. »

La liberté de manifester est-elle un droit inaliénable, même en période de pandémie ?

  • Oui, la liberté de manifester demeure un droit pour tous les citoyens. A condition de respecter les règles imposées par la société pour l’organisation et la sécurité de toute manifestation, surtout en cette période de pandémie.
  • Par contre, s’il est normal que des chrétiens puissent manifester pour réclamer la liberté de culte - cela fait partie des droits des chrétiens - ils se doivent tout autant de respecter les conditions de manifestation imposées par les autorités civiles, à savoir entre autres une déclaration préalable et un accord des autorités civiles.
  • En revanche, comme archevêque d’Avignon, je ne peux m’associer à ceux qui veulent non pas réclamer la liberté de culte, mais transformer une manifestation en prière. Je pense que nous ne pouvons pas utiliser la prière comme moyen de manifestation ! Par contre, la puissance de la prière nous invite à intercéder de toutes nos forces auprès du Seigneur pour la fin de la pandémie et pour que les autorités civiles respectent la liberté de culte.
  • De leur côté, les autorités civiles doivent s’en tenir à leur mission dans le cadre de la laïcité : nous dire les conditions dans lesquelles nous pouvons exercer notre liberté de culte ; sans intervenir aucunement dans la forme que prendra l’expression de cette liberté du culte, à savoir un baptême, une messe, une célébration pénitentielle, un mariage ou un enterrement … Cela relève de l’autorité de l’Église.

Les chrétiens, comme tous les citoyens se doivent de respecter le bien commun. La société a, de son côté, le droit et le devoir de nous préciser les conditions du respect du bien commun, spécialement en cette période de pandémie. Il nous est demandé de porter le masque, je le porte ; un confinement nous est demandé, je le respecte. Je respecte également les conditions préconisées pour l’exercice de la liberté de culte. Mais le contenu de notre culte ne relève pas des autorités civiles, mais des autorités religieuses, à condition bien évidemment de respecter les conditions sanitaires qui nous sont demandées.

A Avignon, le 19 novembre 2020

+ Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon