Comment prier et méditer le chapelet ? I.

7 octobre 2020

LE CHAPELET, ÉCOLE DE PRIÈRE

 Traditionnellement le beau mois de mai est le mois de Marie dans l’Eglise. Quant au mois d’octobre c’est le mois du Rosaire.

Depuis quelques années maintenant il est fréquent d’entendre ou de lire à propos de la prière du chapelet de nombreuses critiques et objections. Le pape Jean-Paul II a largement contribué à inverser cette tendance dans notre Église. Il a toujours affirmé que le Rosaire était sa prière favorite et il a même proclamé une année du Rosaire allant d’octobre 2002 à octobre 2003. A cette occasion il a ajouté aux traditionnels mystères du Rosaire (joyeux, douloureux et glorieux) les mystères lumineux : 1. Le baptême au Jourdain ; 2. Les noces de Cana ; 3. La prédication de Jésus ; 4. La transfiguration et 5. L’institution de l’eucharistie. Ces mystères se méditent plus particulièrement le jeudi.

 Très simplement j’aimerais vous proposer quelques réflexions pour vous aider à prier le chapelet de manière fructueuse.

J’aborderai en premier lieu l’aspect répétitif de cette forme de prière. La répétition appartient à bien des traditions spirituelles, notamment asiatiques. Dans le chapelet la répétition des Pater, des Ave Maria et des Gloria Patri n’est qu’un moyen pour favoriser une atmosphère de recueillement propice à la prière. Le but du chapelet n’est pas de méditer le contenu de ces belles prières, elles ne sont qu’un support pour aller plus loin. La répétition évite à notre esprit la dispersion, les distractions. Elle fixe notre cœur et notre intelligence en Dieu Trinité par Marie. Qui dit répétition dit aussi rythme. Le rythme que nous utilisons est essentiel pour que notre prière soit authentiquement chrétienne. Si le rythme est trop rapide alors la répétition devient rabâchage. Si le rythme est trop lent nous aurons tendance à nous endormir ! Il faut trouver le juste milieu. Notons enfin que la répétition peut se faire à haute voix (ce qui est le cas de la prière en groupe) ou mentalement, c’est-à-dire en silence (ce qui semble plus adapté à la prière personnelle). Si la répétition des prières n’est qu’un moyen pour parvenir à la prière, voyons maintenant le but du chapelet.

Prier le chapelet c’est essentiellement méditer les mystères de la vie de Jésus et de Marie. Et le faire avec les yeux, avec le cœur de la Sainte Vierge. Pour bien méditer ces mystères nous devons avoir une certaine familiarité avec les textes bibliques correspondants. En ce sens le chapelet est une prière vraiment biblique. La méthode de méditation que St. Ignace de Loyola préconise dans ses Exercices Spirituels est particulièrement profitable dans la récitation du chapelet. En fait il s’agit d’utiliser non seulement mon intelligence et mon cœur mais aussi mon imagination. Je ne dois pas rester étranger au mystère, extérieur à lui, comme face à lui. Le but est bien de m’inclure moi-même dans le mystère que je médite, donc d’y entrer, d’en faire partie intégrante en quelque sorte. En tant que chrétien je sais bien que le mystère du Christ est toujours en même temps mon propre mystère. Je terminerai en citant St. Ignace lui-même. Voilà ce qu’il écrit pour aider le retraitant dans la contemplation de la Nativité :

Tout d’abord la composition du lieu. « Ce sera, ici, voir avec la vue de l’imagination le chemin de Nazareth à Bethléem, en considérant sa longueur, sa largeur, s’il est plat, s’il passe par des vallées ou s’il monte. De même, regarder le lieu ou la grotte de la nativité, si elle est grande ou petite, basse ou haute et comment elle était arrangée. » (n°112)

Le premier point est de « voir les personnes : voir Notre-Dame, Joseph, la servante, et l’Enfant Jésus après qu’il est né, me faisant, moi, comme un petit pauvre et un petit esclave indigne qui les regarde, les contemple et les sert dans leurs besoins, comme si me trouvais présent, avec tout le respect et la révérence possibles. Et réfléchir ensuite en moi-même afin de tirer quelque profit. » (n°114)

Le deuxième point : « Considérer, observer et contempler ce qu’ils disent et, réfléchissant en moi-même, tirer quelque profit. » (n°115)

Le troisième point : « Regarder et considérer ce qu’ils font : voyager et peiner pour que le Seigneur vienne à naître dans la plus grande pauvreté et qu’au terme de tant de peines, après la faim, la soif, la chaleur et le froid, les outrages et les affronts, il meure en croix ; et tout cela pour moi. Puis, réfléchissant, tirer quelque profit spirituel. » (n°116). Notons comment nous passons d’un mystère joyeux aux mystères douloureux.

Bref prier le chapelet ne serait-ce pas voir et écouter le Verbe fait chair et sa Sainte Mère à travers la méditation des mystères ? Et comprendre que je ne suis pas spectateur de ces mystères, mais acteur, partie prenante ? En ce sens là le chapelet est une prière hautement contemplative qui nous amène avec douceur et sûreté à la véritable conversion du cœur.

Père Robert Culat